Modernisation des petites lignes ferroviaires : un enjeu crucial pour le maillage du territoire
Les petites lignes ferroviaires constituent un maillon essentiel du réseau de transport en France. Reliant les territoires ruraux et les villes moyennes aux grands axes ferroviaires, elles jouent un rôle clé dans la mobilité, l’économie locale et l’aménagement du territoire. Pourtant, ces lignes ont longtemps souffert d’un manque d’investissement, conduisant à des fermetures ou à une dégradation de la qualité du service. Aujourd’hui, leur modernisation s’impose comme une nécessité pour favoriser des déplacements durables et renforcer la cohésion territoriale.
Des lignes indispensables mais fragilisées
Les petites lignes ferroviaires permettent de desservir des zones souvent délaissées par les transports collectifs. Elles offrent une alternative crédible à la voiture individuelle, en particulier pour les déplacements de proximité et les trajets du quotidien. Cependant, elles sont confrontées à plusieurs défis majeurs :
- Un réseau vieillissant avec des infrastructures parfois obsolètes.
- Une baisse de fréquentation due à une offre insuffisante (fréquence trop faible, horaires peu adaptés).
- Un déficit d’investissements entraînant des limitations de vitesse et des coûts d’entretien élevés.
- Une concurrence accrue des transports routiers, plus flexibles mais plus polluants.
Face à ces enjeux, la modernisation des petites lignes n’est plus seulement une option, mais une nécessité pour assurer leur pérennité et leur redonner un rôle central dans la mobilité quotidienne.
Un plan de relance ambitieux pour sauver les petites lignes
Consciente de l’importance stratégique de ces lignes, l’État a lancé ces dernières années plusieurs plans de modernisation. En 2020, un accord historique a été signé entre le gouvernement et les Régions pour financer la rénovation des lignes ferroviaires de desserte fine. Cet effort se traduit par :
- Des travaux de renouvellement des voies pour éviter les restrictions de circulation.
- La modernisation des gares et haltes ferroviaires pour améliorer l’accueil des voyageurs.
- Le déploiement de trains plus modernes et adaptés aux besoins des usagers.
- Une expérimentation sur des trains légers et autonomes pour réduire les coûts d’exploitation.
Mais au-delà des investissements financiers, la réussite de cette modernisation repose aussi sur une meilleure coordination entre les différents acteurs : SNCF Réseau, Régions, État et collectivités locales.
Exemples de modernisation réussie
Certaines Régions ont déjà prouvé que la revitalisation des petites lignes ferroviaires était possible. Prenons par exemple la ligne Pau – Oloron – Bedous en Nouvelle-Aquitaine, rouverte en 2016 après une rénovation complète. Grâce à cette modernisation, le train circule à nouveau sur cette portion des Pyrénées, offrant une alternative efficace à la route.
Autre exemple en Bourgogne-Franche-Comté avec la ligne Besançon – St-Claude. Longtemps menacée de fermeture, elle a bénéficié de travaux permettant d’améliorer sa fiabilité et d’augmenter la fréquentation.
Ces projets montrent que lorsque la volonté politique et les investissements sont au rendez-vous, les petites lignes peuvent renaître et remplir pleinement leur mission de service public.
Vers une mobilité durable et décarbonée
Face aux enjeux climatiques, le train représente une alternative crédible pour réduire l’empreinte carbone des déplacements. La préservation et la modernisation des petites lignes s’inscrivent ainsi dans une logique de transition écologique :
- Le train est jusqu’à 50 fois moins polluant que la voiture par passager-kilomètre.
- La réhabilitation des petites lignes permet de capter une partie du trafic routier régional.
- Des initiatives émergent pour tester de nouveaux trains propres, notamment à hydrogène ou à batterie.
Si ces solutions sont soutenues par des politiques publiques ambitieuses, elles pourraient contribuer à faire du ferroviaire un pilier majeur de la mobilité décarbonée en France.
Quelles perspectives pour les années à venir ?
Les efforts de modernisation engagés ces dernières années sont encourageants, mais ils doivent s’inscrire dans la durée. Pour réussir ce pari, plusieurs leviers peuvent être actionnés :
- Une augmentation des financements pour l’entretien et le développement des petites lignes.
- Une meilleure intégration des réseaux ferroviaires et des autres modes de transport (bus, vélo, covoiturage).
- Une simplification de l’exploitation ferroviaire pour réduire les coûts et rendre ces lignes plus compétitives.
Les petites lignes ferroviaires ne sont pas condamnées à péricliter. Bien au contraire, elles peuvent devenir un atout stratégique dans la mobilité de demain, à condition que l’ambition politique suive et que les investissements nécessaires soient au rendez-vous. Alors, à quand un véritable plan Marshall du ferroviaire local ?